J'ai récemment pondu la réponse suivante sur le forum de Loco Locass :
Voici quelques pistes que nous pouvons développer. Le répéter n'est pas coutume.
1. Étant donné qu'acheter un produit, c'est encourager sa production, ne l'achetons pas. Nous pouvons nous passer de la plupart des produits qui se trouvent sur les marchés. En achetant moins, nous incitons les personnes (donc nous-mêmes aussi) à réorienter leurs aspirations professionnelles. Il y a des métiers moins écologiques que d'autres.
2. Quels que soient nos critères d'achats, soyons plus stricts plutôt que de nous laisser tenter. Se laisser aller à une tentation, c'est déjà s'encourager à y céder maintes fois. Car juger mauvais un comportement qu'on a eu est dissonant. Et réduire cette dissonance en condamnant ce comportement semble demander plus d'effort qu'en révisant notre jugement. A trop vouloir être cohérent (cohérence entre mes idéologies/buts actuels et mes actes dans le passé), on se prive du changement. [Là, j'attaque le totalitarisme de la pensée cohérente.
]
Remarque : nos critères n'ont de sens que quand on sait d'où ils viennent, d'un but, d'une idéologie ou d'une passion.3. Ben, parmi nos critères d'achats, ajoutons simplement les critères écologiques (et sociaux) à la liste. De manière générale, rajoutons ces critères à toutes nos actions. Souvent, il vaut mieux ne pas acheter. Parmi les critères écologiques : l'emballage, la provenance du produit, la nature (et la composition) du produit, la saison (fruits et légumes) du produit.
Anticiper en prenant son sac solide (à dos, à main, etc.) pour être en mesure de refuser sans gêne ni remord les sacs proposés à la caisse.
4. Le savoir-faire est très souvent plus écologique que les machines, notamment en matière culinaire. De bons couteaux et éplucheurs suffisent souvent à se passer de machines éplucheuses ou tranchantes. Quelques exceptions notoires : le lave-vaisselle et la lessive ! encore faut-il bien regarder quels produits de lavage on utilise !
5. Toujours en matière culinaire, préférons les aliments bruts aux mets prêts à cuire ou prêts à être mangés. Faisons les réserves mises en boîtes pour passer l'hiver dans le congélateur (classe A, voire A++). Une réserve de denrées durables (riz, pâtes, céréales complètes, légumineuses) n'est pas à éviter. Préférer cuisiner soi-même. Et le savoir-faire (culinaire ou autre) ne vaut pas que pour le CV mais aussi pour l'autonomie et la confiance.
6. Préférer l'alimentation biologique (notamment sans pesticides lors de la culture)
, locale (hey ! les trajets de transports, d'autant plus que votre réseau ferroviaire est moins développé ; chez nous, les consommateurs s'interrogent de plus en plus sur le transport des fruits et légumes, y compris pour quelques dizaines de kilomètres)
et de saison (ah ! les agents conservateurs pas naturels, les serres sous la serre ! d'où l'idée de faire ses réserves de surgelés pour les saisons moins fertiles). En termes d'investissement sociaux environnementaux, il y a "l'argent responsable" qui consiste entre autres à placer son argent (ses biens) dans une banque choisie judicieusement, notamment dans une banque qui n'investit que dans des produits/projets sociaux et environnementaux.
7. Préférer la marche, le vélo et les transports en commun à la voiture (et surtout aux 4/4),
notamment en ville. Néanmoins, il y a toujours beaucoup trop de personnes qui - allez savoir pourquoi ! - se complaisent dans les bouchons urbains.
Il y a aussi le covoiturage (un transport en commun, quoi !) ! De manière générale, tous les transports en commun impliquent un changement de mentalité : être prêt à partager non seulement un espace mobile, mais aussi soi-même (vous allez quand même discuter un peu dans le char, sans pour autant déconcentrer le chauffeur). Enfin, tout ceci est aussi une question de sécurité, notamment envers les écoliers (projets pedibus : encourager les parents à laisser leurs enfants aller à l'école à pied (ou en transports en commun) plutôt que de tous les amener avec autant de chars que d'élèves).
8. Le recyclage, la réutilisation des produits, du matériel. Acheter des produits recyclés. Garder le carton pour un bricolage par exemple, ou pour un prochain emballement lors de déménagement. Le recto-verso du papier. La gourde ou le thermos plutôt que la bouteille PET pour prendre de l'eau sur soi au travail (et éviter d'être contraint d'acheter une bouteille d'eau). De manière générale, quand nous voulons nous débarrasser d'un produit, de matériel encore utilisable (livres, disques, écouteurs, meubles, etc.), soyons prêts à le vendre, à l'échanger ou à le donner (vous avez des sites d'annonces au Québec). De plus, si vous donnez/échangez un produit à une personne, celle-ci aura eu moins à dépenser (vous n'êtes pas Picsou) et l'emballage excessif (je pense notamment à l'emballage des produits électroniques, informatiques) aura été évité. Ce chapitre mériterait grande et longue discussion : au moins un sous-chapitre par produits jetés régulièrement (mouchoirs, piles, papier, emballages alimentaires, etc.). Quant au recyclage de disques, c'est l'une des nombreuses idées concrétisées dans un coin du monde mais non encore propagées.
La réutilisation des déchets est assurée par le tri de ceux-ci, notamment le compost, que la nature pourra réutiliser.
9. Laisse reposer en paix ce que tu n'utilises pas. La lumière de la cuisine quand tu es dans ta chambre, le robinet quand tu brosses tes dents, la fenêtre ouverte quand il fait froid (bon, il faut quand même aérer régulièrement
), le moteur quand tu es arrêté à un feu rouge (surtout quand tu sais qu'il reste longtemps rouge). Mais aussi le soleil quand il fait nuit.
Càd : laisser reposer ses yeux (dormir) quand le soleil n'est pas là (la nuit).
10. Fais-toi entendre ! ça, c'est quand tu remarques un comportement que tu désapprouves ! que ce soit avec des personnes que tu ne connais pas ou des personnes que tu connais. Ton but n'est pas d'être aimé
, mais bien d'entretenir la nature, n'est-ce pas ? ou alors te faut-il t'auto-questionner sur tes sources de motivations ? l'entretien de la nature n'étant qu'une de tes sources de motivation parmi tant d'autres, je l'espère.
Car c'est de tes sources de motivations (notamment buts, passions et idéologies) que naissent tes critères. D'où le sens de donner du sens (et même plusieurs sens) à ta vie.
Là où il y a matière à vous faire entendre, c'est au niveau des transports en commun. Là, je pense notamment à des lignes ferroviaires de Montréal à Québec. Mais vous êtes plus à même que moi d'identifier les besoins et les habitudes en termes de mobilité chez vous autres.
11. Le chauffage, l'isolation... je m'y connais moins en ce domaine, mais vous savez qu'une mauvaise isolation thermique peut contribuer à faire monter la consommation d'énergie ainsi que la facture... Toujours est-il que s'habiller est déjà une prise de conscience de l'isolation thermique.
12. Respecter les êtres vivants, à consommer... heu... à commencer par notre propre corps. En la matière, les media n'arrêtent pas d'en parler (un lobby commercial, quoi !) : la santé, l'alimentation, l'activité physique. Je ne vais pas vous répéter une n-ième fois
de préférer l'escalier à l'ascenseur, de boire de l'eau du robinet plutôt que du coca-cola en PET, puis que vous devez prendre cinq portions quotidiennes de fruits et légumes... quoique... même les Suisses ne mangent pas assez de légumes et de fruits. C'est pourtant bon !!! (même si on comprend les personnes allergiques ainsi que les différences de cultures induites par les différences de climats)
13. Fais-toi entendre... encore une fois ! mais cette fois-ci en groupe ! En cherchant même avec google, on peut trouver entre autres le réseau de protection des consommateurs, l'office de la protection du consommateur, l'union des consommateurs, etc. Devenez consommacteurs ! observez, analyser, comparez les produits ! faites part à ces associations de vos mécontentements et de vos joies envers les divers produits et entreprises. Observez les comparatifs rédigés dans les revues de consommacteurs.
14. Prends ton temps ! "Si nous consacrions moins de temps aux activités inutiles voire nuisibles, nous pourrions prendre plus le temps aux activités utiles (la cuisine, l'activité physique, les discussions et les décisions notamment)." Là, ça court ça et là partout à la va-vite. Pas étonnant que ça ne réfléchisse plus.
15. En termes de gestes sociaux (qui sont, souvent en fait, environnementaux), il y a une tendance observable chez nous en Suisse :
éviter les intermédiaires, pour réduire la différence entre le revenu du producteur (de lait, par exemple) et le prix que je paie. A moins que vous ne pensiez au salaire des intermédiaires. On évite les intermédiaires aussi eu égard à la qualité du produit et pour éviter les emballages intermédiaires... Au moins deux concrétisations de cette tendance chez nous : les marchés locaux sur une place OU le citoyen va directement chez le producteur. Après, en termes d'usages de moteurs, faut voir, calculer (vivent les mathématiques
).
16. Le tourisme écologique. Il consiste à appliquer (ne pas relâcher les critères juste parce qu'on est dans un contexte "vacances") ces gestes y compris quand nous avons le rôle de touriste. A nouveau, il y a la préférence pour les voyages en train plutôt qu'en avion ou en char. [Il y a des personnes qui font Paris-Genève ou Genève-Barcelone en avion.
]
De manière générale, le touriste écologique est une personne qui cherchera à appliquer ses critères partout où il voyage. Il s'informe alors souvent en conséquence sur une ville (son système de tri des déchets entre autres) avant de la visiter. En cela, le web est d'une utilité indéniable. Autre exemple : un fan d'un groupe pourra préférer faire des centaines de kilomètres pour écouter ce groupe sans en acheter le disque plutôt que de rester chez soi en écoutant en boucle son disque (ou son mp3).
L'argument "plus pour moins cher" commence à être remis en question, y compris dans le domaine du cinéma : voir un film ou une pièce de théâtre une fois mais ensemble (même avec du public que je ne connais pas) OU acheter le dvd de ce film/cette pièce et le visionner n fois chez soi ?
17. La recherche de l'efficacité énergétique ! la recherche, quoi ! soutenons toutes les recherches actuelles pour réduire la consommation des machines, notamment des voitures ! soutenons ces normes A++, cette transparence qui aidera le consommateur, que dis-je ?, le citoyen à se guider dans ses choix, malgré la masse de produits proposés. Les ampoules à basse consommation, les congélateurs A++, les labels BIO (qui ne doivent toutefois pas nous empêcher de lire les étiquettes) et équitables. Et, surtout, continuons de miser sur le solaire et l'éolienne !!! Green we can ? Yes we can !
18. La sécurité. On en a déjà parlé un peu dans les paragraphes précédents, mais celle-ci mériterait un gros chapitre à elle seule. Je ne parle pas du sentiment de sécurité seulement, mais de la sécurité elle-même. Sécurité routière entre autres, mais aussi à domicile : laisser la plaque allumée, laisser ses portes ouvertes, faire le malin avec ses richesses (ça tente les voleurs). Fais-toi voler du matériel, et tu dois te le procurer à nouveau ! Un accident de voiture, je te dis pas la casse ! et les éventuelles répercussions humaines ! Et si tu casses tes lunettes ? Et si tu perds ton porte-monnaie ?
19. Il y a des choses qui ne se marchandent pas, vous savez. La nature en fait partie. Mais c'est là une des grandes difficultés : marchander ou pas ? si je marchande un bien contre une monnaie, comme cette monnaie aura été créée en masse (masse monétaire), sans compter encore les intérêts, on se dit qu'on pourra toujours créer plus de monnaie. On perd alors le discernement des limites, notamment des limites des ressources naturelles, de l'épaisseur de la couche d'ozone, ou encore des efforts qu'une personne peut fournir en une semaine. Mais, d'un autre côté, si je ne marchande pas, qu'est-ce qui va inciter le citoyen à choisir telle voiture plutôt que telle autre ? ou à émettre moins de CO2 ?
Peut-être serait-il temps de sortir de cette logique du talion (tant que vous ne faites rien, je ne fais rien). La gratuité, le bénévolat et le partage sont nécessaires car c'est ce qui rend souple un système d'échange. Cependant, tout n'est pas aussi complexe : ce qui est plus écologique n'est pas forcément plus cher. Mais rendons-nous compte qu'en résonnant à la Talion, on encourage le marchandage de ce qui ne devrait pas être marchandé.
20. Enfin, un peu de pédagogie avec autrui et soi-même ne fait pas de mal. :wink: Entres autres : valorisation (plutôt qu'insulte et auto-flagellation), patience (je ne veux pas tout tout de suite et pas tout juste pour moi), jouer au "soi pour autrui" plus qu'au "soi pour soi" (je ne suis pas une valeur si durable puisque je mourrai bien avant cette maison ou ce projet de construction ferroviaire ; cette maison et ces rails serviront à d'autres personnes, et ce pour plusieurs générations). Oui, patience ! avoir le courage de partir des projets dont on ne voit pas le bout. [Je ne suis pas théiste, mais je regrette le temps où nous construisions des églises sur plusieurs générations.] Si nous n'étions pas capables de patience, nous serions incapables d'économiser. Et les petits crédits sont plus sournois que courtois. En plus de la patience, on peut se positionner différemment face aux préjugés et aux stéréotypes. En rendant statiques nos représentations, nous rendons statiques nos comportements. Un bon moyen de corriger nos représentation que nous avons d'une personne avec laquelle nous n'avons jamais discuté face à face est, justement, de discuter avec elle face à face. [C'est là une des différences entre le réel et virtuel : dans le virtuel, on discute avant de se voir la face. Et pourtant, nos représentations restent très faussées.] Il est de nouveau de question d'opposition entre cohérence et changement. :wink: Refusons tout fatalisme. Enfin, au niveau pédagogique, il y a l'humour, la comédie, le festival du rire, Louis-José Houde.
"Le pouvoir de certaines personnes, c'est faire croire aux autres qu'elles n'en ont pas."
"La force de certaines personnes, c'est de faire savoir aux autres qu'elles en ont."
Shokin